Diego Landivar, Emmanuel Bonnet et Alexandre Monin, enseignants chercheurs au Groupe ESC Clermont Business School et fondateurs du laboratoire de recherche Origens rappellent avec vigueur l'importance de prendre en considération les enjeux de la planète dans les stratégies d'entreprise. Ils invitent à l'urgence d'une véritable redirection écologique dans le management des entreprises en posant l'hypothèse qu'un grand nombre d'entre elles en négligeant cette dimension risqueraient de devenir brusquement obsolètes et donc de disparaître.
Dans leurs diverses interventions ils interrogent sérieusement le concept d'innovation en attirant l'attention sur l'ambiguïté de ce terme est qui trop souvent envisagé dans une perspective marketing consistant à offrir aux consommateurs des objets certes plus esthétiques mais tout aussi encombrants que ceux qui les ont précédés.
S'appuyant sur les recherches les plus avancées du Design, ils mettent en doute les formes "conventionnelles" de l''innovation qui s'apparentent plus à la production de "gris gris à la mode narcotiques et euphoriants" (Laplantine, 1988) que d'objets ou de services qui contribueraient "à rendre réellement le monde plus habitable".
Cette conception "écologique" de l'innovation est fortement inspirée par certains travaux de designers qui pensaient dès les années 1970 que les innovations qu'ils produisaient ne pouvaient se limiter à la seule dimension esthétique et qu'il fallait nécessairement prendre en compte l'environnement sous peine de ne produire finalement que des objets sans véritable utilité pour l'Homme.
La référence au Design est intéressante car comme le souligne Victor Petit, " le designer ne conçoit pas l’objet indépendamment de son milieu, puisqu’il aborde les objets techniques en tant qu’ils dessinent un milieu, au double sens du terme, au sens d'intermédiaires ou de médiateurs d’une part, et au sens d’ambiance ou d’intégration dans un environnement d’autre part".
Victor Petit suggère d'ailleurs de considérer la notion de "milieu" comme plus pertinente parce qu'elle intègre le mode d'existence des individus. Pour prendre un exemple trivial, l'architecte Le Corbusier peut effectivement être considéré comme un designer novateur mais son art s'est limité à la forme. Il n'a pas pris en considération les matériaux utilisés (Environnement) et encore moins les conditions d'existence des personnes habitant les immeubles qu'il avait conçus (Milieu) .
A travers ce débat que nous ne faisons pour l'instant que survoler, la question qui se pose est celle de la création de valeur. C'est un concept dont les gestionnaires se sont gargarisés pendant plus de 20 ans avec délectation en ne prenant en compte qu'un aspect partiel du milieu: celui des actionnaires.
Les designers ont beaucoup à nous apporter sur ce plan parce que depuis longtemps leur vision a dépassé celle de la seule matière. A un moment de l'histoire où le devenir de la planète, est sérieusement mis en péril (Anthropocène); les gestionnaires managers sont invités à s'en inspirer dans la conception du développement de leur entreprise.
Ce détour provocant et courageux intéresse la méthode "Phosphoriales" qui se positionne comme une approche visant à favoriser résolument l'innovation. L'effort conceptuel réalisé par ces chercheurs est utile car il renvoie à l'ontologie d'une pratique. Sans cette réflexion, elle pourrait comme l'est d'ailleurs un certain design s'enferrer dans le modèle étroit de la doxa encore dominante.
Sur un plan pratique, elle éclaire la deuxième étape de la méthode intitulée "inspiration". Jusqu'à ce jour, il faut bien l'avouer, le cadrage était incertain. Plusieurs tentatives avaient été faites pour progresser sur ce point sans être vraiment satisfaisantes. Ce qui se traduisait pour les participants par une certaine difficulté à trouver leur projet de création de produits ou de services, comme si d'une certaine façon ces derniers rejouaient l'ambiguïté contenue dans les deux design qui s'opposent, reposant chacun en réalité sur des conceptions politiques très différents.
Le design que nous appellerons par sobriété "conventionnel" repose sur la conception "d'une croissance infinie dans un monde fini" ; c'est celle de Fuller, tandis que le design écologique, représenté par Tomas Maldonado (1972), plus révolutionnaire considère que le design est là pour "soigner la planète".
La différence est de taille parce que le premier est totalement sous le diktat du marché, ce qui se traduit par par la production de beaucoup " d’objets inadaptés, polluants, discriminants" , tandis que le second a une approche de la conception des produits et des services "qui prend en compte la responsabilité écologique, sanitaire, la justice sociale et l’apport culturel — pour nos contemporains et les générations futures" (Charte française de l'éco - design).
Pour en revenir à la question de l'inspiration, les travaux de Gilbert Durand montrent que celle - ci trouve sa source dans les structures profondes de l'imaginaire. Celle-ci est représentée par l'auteur comme "une Noria" qui tourne dans un "bassin sémantique" alimenté par le ruissellement des normes, des modes, des idéologies, des idéalités, des mythèmes, des mythes, des mythologies sociales du moment se mélangeant avec l'inconscient de chacun dans les parties indifférenciées et muettes du Moi (Bleger!).
Tout cela pour dire que le cadre imaginaire qui sera proposé au début de la phase d'inspiration est déterminant pour la production des innovations qui se manifesteront pour ou contre la planète.
Ainsi, pour l'ingénieur Quentin Mateus, le lancement d'un vrai projet d'innovation selon les principes du Design devrait se faire à partir des éléments de cadrage suivant. Il devra être :
Dans leurs diverses interventions ils interrogent sérieusement le concept d'innovation en attirant l'attention sur l'ambiguïté de ce terme est qui trop souvent envisagé dans une perspective marketing consistant à offrir aux consommateurs des objets certes plus esthétiques mais tout aussi encombrants que ceux qui les ont précédés.
S'appuyant sur les recherches les plus avancées du Design, ils mettent en doute les formes "conventionnelles" de l''innovation qui s'apparentent plus à la production de "gris gris à la mode narcotiques et euphoriants" (Laplantine, 1988) que d'objets ou de services qui contribueraient "à rendre réellement le monde plus habitable".
Cette conception "écologique" de l'innovation est fortement inspirée par certains travaux de designers qui pensaient dès les années 1970 que les innovations qu'ils produisaient ne pouvaient se limiter à la seule dimension esthétique et qu'il fallait nécessairement prendre en compte l'environnement sous peine de ne produire finalement que des objets sans véritable utilité pour l'Homme.
La référence au Design est intéressante car comme le souligne Victor Petit, " le designer ne conçoit pas l’objet indépendamment de son milieu, puisqu’il aborde les objets techniques en tant qu’ils dessinent un milieu, au double sens du terme, au sens d'intermédiaires ou de médiateurs d’une part, et au sens d’ambiance ou d’intégration dans un environnement d’autre part".
Victor Petit suggère d'ailleurs de considérer la notion de "milieu" comme plus pertinente parce qu'elle intègre le mode d'existence des individus. Pour prendre un exemple trivial, l'architecte Le Corbusier peut effectivement être considéré comme un designer novateur mais son art s'est limité à la forme. Il n'a pas pris en considération les matériaux utilisés (Environnement) et encore moins les conditions d'existence des personnes habitant les immeubles qu'il avait conçus (Milieu) .
A travers ce débat que nous ne faisons pour l'instant que survoler, la question qui se pose est celle de la création de valeur. C'est un concept dont les gestionnaires se sont gargarisés pendant plus de 20 ans avec délectation en ne prenant en compte qu'un aspect partiel du milieu: celui des actionnaires.
Les designers ont beaucoup à nous apporter sur ce plan parce que depuis longtemps leur vision a dépassé celle de la seule matière. A un moment de l'histoire où le devenir de la planète, est sérieusement mis en péril (Anthropocène); les gestionnaires managers sont invités à s'en inspirer dans la conception du développement de leur entreprise.
Ce détour provocant et courageux intéresse la méthode "Phosphoriales" qui se positionne comme une approche visant à favoriser résolument l'innovation. L'effort conceptuel réalisé par ces chercheurs est utile car il renvoie à l'ontologie d'une pratique. Sans cette réflexion, elle pourrait comme l'est d'ailleurs un certain design s'enferrer dans le modèle étroit de la doxa encore dominante.
Sur un plan pratique, elle éclaire la deuxième étape de la méthode intitulée "inspiration". Jusqu'à ce jour, il faut bien l'avouer, le cadrage était incertain. Plusieurs tentatives avaient été faites pour progresser sur ce point sans être vraiment satisfaisantes. Ce qui se traduisait pour les participants par une certaine difficulté à trouver leur projet de création de produits ou de services, comme si d'une certaine façon ces derniers rejouaient l'ambiguïté contenue dans les deux design qui s'opposent, reposant chacun en réalité sur des conceptions politiques très différents.
Le design que nous appellerons par sobriété "conventionnel" repose sur la conception "d'une croissance infinie dans un monde fini" ; c'est celle de Fuller, tandis que le design écologique, représenté par Tomas Maldonado (1972), plus révolutionnaire considère que le design est là pour "soigner la planète".
La différence est de taille parce que le premier est totalement sous le diktat du marché, ce qui se traduit par par la production de beaucoup " d’objets inadaptés, polluants, discriminants" , tandis que le second a une approche de la conception des produits et des services "qui prend en compte la responsabilité écologique, sanitaire, la justice sociale et l’apport culturel — pour nos contemporains et les générations futures" (Charte française de l'éco - design).
Pour en revenir à la question de l'inspiration, les travaux de Gilbert Durand montrent que celle - ci trouve sa source dans les structures profondes de l'imaginaire. Celle-ci est représentée par l'auteur comme "une Noria" qui tourne dans un "bassin sémantique" alimenté par le ruissellement des normes, des modes, des idéologies, des idéalités, des mythèmes, des mythes, des mythologies sociales du moment se mélangeant avec l'inconscient de chacun dans les parties indifférenciées et muettes du Moi (Bleger!).
Tout cela pour dire que le cadre imaginaire qui sera proposé au début de la phase d'inspiration est déterminant pour la production des innovations qui se manifesteront pour ou contre la planète.
Ainsi, pour l'ingénieur Quentin Mateus, le lancement d'un vrai projet d'innovation selon les principes du Design devrait se faire à partir des éléments de cadrage suivant. Il devra être :
- Techniquement simple
- Utile au plus grand nombre (répondant à des nécessites vitales)
- Durable (frugal en économie d'énergie)
- Robuste
- Solliciter les ressources locales
- Adaptable
- Accessible (libre de droit?)
- Facile à fabriquer et à réparer
- Partageable (Comme les logiciels libres)
- Produire 0 déchet et 0 inégalité
- Utile au plus grand nombre (répondant à des nécessites vitales)
- Durable (frugal en économie d'énergie)
- Robuste
- Solliciter les ressources locales
- Adaptable
- Accessible (libre de droit?)
- Facile à fabriquer et à réparer
- Partageable (Comme les logiciels libres)
- Produire 0 déchet et 0 inégalité