Les concepts et les outils fondamentaux de la méthode Triz
La méthode TRIZ (acronyme russe de la Théorie de Résolution des Problèmes Inventifs) constitue une référence dans le monde de la créativité. Elle a été élaborée à partir de 1946 par l'ingénieur soviétique Genrich Altshuller après avoir mené une étude sur 400 000 au cours de laquelle il constata que les innovations technologiques sont le résultat de processus relativement constants qu'il s' est efforcé de définir. Nous présentons ici rapidement les concepts clés de la méthode:
Il existe bien sûr de nombreuses autres outils de créativité qui sont mis en oeuvre dans la méthode.
- Degré d'inventivité :
L'inventité se caractérise par la capacité à produire des idées nouvelles. En France, le concept d’activité inventive est régi par l’article L. 611-14 du Code de la propriété intellectuelle (CPI). Il définit la capacité d'un individu ou un groupe à produire 'des solutions nouvelles qu'un "un homme de métier" ne parviendrait pas à résoudre avec l'état des connaissances ordinaires pratiquées".
Altshuller distingue 5 degrés d'inventivité :
- Solutions apparentes 32% des brevets
- Améliorations mineures 45%
- Améliorations majeures 18%
- Nouveau projet 4%
- Découverte <1%
L'inventivité radicale est donc tres rare puisqu'elle représente moins de 1%; ce qui veut dire c'est que sur 100 idées, 1 seule a une chance de constituer une innovation majeure.
- Inertie psychologique :
Le sujet ordinaire est souvent victime "de blocages psychologiques causés essentiellement par le vocabulaire utilisé dans un domaine technique, l'enfermement dans un domaine de connaissances rigidifiées et systématisées qu'il est souvent difficile de remettre en cause". Cette notion est assez proche du concept de Cornelius Castoriadis quand il fait référence à l'imaginaire institué.
Pour lutter contre l'inertie psychologique, l'auteur de la méthode Triz nous suggère 4 comportements:
Pour lutter contre l'inertie psychologique, l'auteur de la méthode Triz nous suggère 4 comportements:
- Ne jamais considérer que la solution réside dans son propre domaine de compétence
- Rechercher la pluridisciplinarité
- Rechercher les termes, les expressions, les sigles, les éléments de langage technique qui peuvent conduire à l'inertie et les remplacer par d'autres
- Respecter les idées farfelues
- Le résultat final idéal:
Cela consiste à décrire l'objet idéal qui maximiserait les fonctions utiles et minimiserait les fonctions et les coûts néfastes .
- Les contradictions:
Altshuller nous invite à comprendre les contradictions dans lesquels les produits et les services sont inscrits. C'est une condition prioritaire pour innover.
Si on observe la difficulté réelle qu'ont les entreprises françaises à faire évoluer leur business model, surtout les PME, cette courte démonstration pourrait servir d'exemple de ce que pourrait apporter une lecture trizienne de ce problème.
On affirme à grands renforts de médias, de publications, de colloques, qu'il faut baisser les cotisations sociales seules responsables de la perte de compétitivité des entreprises en pensant que cela permettrait de retrouver des marges et de relancer les investissements. Or l'observation montre qu'il n'en n'est rien. En baissant les cotisations sociales considérées comme des charges, certes les marges remontent légérement (de 29,3 à 32% en 2019) mais les entreprises ne changent pas de modèle et restent enfermées dans celui de la compétivité prix. A ce sujet, seuls quelques syndicats radicaux comprennent que la baisse des cotisations sociales est en réalité un prélévement sur la valeur créée par le travail des salariés. En d''autres termes, c'est comme si on demandait aux salariés de financer indirectement un modèle qui par ailleurs détruit leurs emplois.
Autre paradoxe, en réduisant les sources de financement de la protection sociale, on rendra encore plus difficile la prise en charge des coûts du vieillissement de la population qui inévitablement vont augmenter. En mettant à jour ces contradictions, il s'agirait plutôt de se demander comment encourager les entreprises à créer plus de valeur plutot que de s'acharner à chasser les coûts. C'est précisément la vocation du modèle de la compétitivité hors prix qui permettait de régler de nombreux paradoxes en rendant possible la hausse des salaires, la rémunération du capital et la prise en compte des externalités négatives en se donnant les moyens de fabriquer des produits plus écologiques. Certes la croissance en volume diminuerait mais au profit du maintien et peut - etre de la croissance des valeurs ajoutées.
Altshuller a recencé 39 paramètres de contradiction qu'il a formalisé dans une matrice qu'il est possible d'utiliser selon les paramètres qui sont privilégiés dans l'exploration d'un projet. On peut retrouver cette matrice sur le site 'Des idées à la carte". Le site Triz4O aussi mérite le détour. Une fois les contradictions analysées, il convient de les représenter sous la forme d'un schéma.
Si on observe la difficulté réelle qu'ont les entreprises françaises à faire évoluer leur business model, surtout les PME, cette courte démonstration pourrait servir d'exemple de ce que pourrait apporter une lecture trizienne de ce problème.
On affirme à grands renforts de médias, de publications, de colloques, qu'il faut baisser les cotisations sociales seules responsables de la perte de compétitivité des entreprises en pensant que cela permettrait de retrouver des marges et de relancer les investissements. Or l'observation montre qu'il n'en n'est rien. En baissant les cotisations sociales considérées comme des charges, certes les marges remontent légérement (de 29,3 à 32% en 2019) mais les entreprises ne changent pas de modèle et restent enfermées dans celui de la compétivité prix. A ce sujet, seuls quelques syndicats radicaux comprennent que la baisse des cotisations sociales est en réalité un prélévement sur la valeur créée par le travail des salariés. En d''autres termes, c'est comme si on demandait aux salariés de financer indirectement un modèle qui par ailleurs détruit leurs emplois.
Autre paradoxe, en réduisant les sources de financement de la protection sociale, on rendra encore plus difficile la prise en charge des coûts du vieillissement de la population qui inévitablement vont augmenter. En mettant à jour ces contradictions, il s'agirait plutôt de se demander comment encourager les entreprises à créer plus de valeur plutot que de s'acharner à chasser les coûts. C'est précisément la vocation du modèle de la compétitivité hors prix qui permettait de régler de nombreux paradoxes en rendant possible la hausse des salaires, la rémunération du capital et la prise en compte des externalités négatives en se donnant les moyens de fabriquer des produits plus écologiques. Certes la croissance en volume diminuerait mais au profit du maintien et peut - etre de la croissance des valeurs ajoutées.
Altshuller a recencé 39 paramètres de contradiction qu'il a formalisé dans une matrice qu'il est possible d'utiliser selon les paramètres qui sont privilégiés dans l'exploration d'un projet. On peut retrouver cette matrice sur le site 'Des idées à la carte". Le site Triz4O aussi mérite le détour. Une fois les contradictions analysées, il convient de les représenter sous la forme d'un schéma.
- Les 40 principes de l'innovation
En observant plus de 400 000 brevets internationaux innovants, Altshuller a constaté que les concepteurs s'appuyent constamment sur un certain nombre de principes qu'il a codifiés. Nous avons modélisé ces 40 principes dans la carte heuristique ci jointe à partir de celle qu'ont fait les professeurs Lionel Gendre et Cédric Lusseau de l' Université Partis Saclay en 2010. Ces principes peuvent servir de support méthodologique dans la conception de nouveaux produits et ou de services
- La méthode DTC (Dimension, Temps, Cout)
Elle fait partie des nombreux outils de la méthode TRIZ. Elle est présentée sous la forme d'un questionnement qui ressemble étrangement à celui d'Osborn :
- Qu'adviendrait-il si le système était minuscule ?
- Qu'adviendrait-il si le système était gigantesque ?
- Qu'adviendrait-il si le système opérait en un temps extrêmement court ?
- Qu'adviendrait-il si le système opérait en un temps infini ?
- Qu'adviendrait-il si le système avait une valeur nulle ?
- Qu'adviendrait-il si le système avait un coût très élevé ?
- Qu'adviendrait-il si le système était gigantesque ?
- Qu'adviendrait-il si le système opérait en un temps extrêmement court ?
- Qu'adviendrait-il si le système opérait en un temps infini ?
- Qu'adviendrait-il si le système avait une valeur nulle ?
- Qu'adviendrait-il si le système avait un coût très élevé ?
- La méthode dite des "vélopoles" est aussi proposée pour atteindre l'objet idéal .
Elle consiste à croiser l'analyse des matériaux utilisés avec les champs de la mécanique, de l'acoustique, du thermique, du chimique, de l'électrique et et du magnétique. - La technique du Poisson doré
Sans le savoir la méthode TRIZ a anticipe l'agilité en s'appuyant sur un conte fantastique pour trouver de nouvelles idées. C'est l'histoire d'un pêcheur qui un jour pêche un poisson qui se met à parler.
Il existe bien sûr de nombreuses autres outils de créativité qui sont mis en oeuvre dans la méthode.
Ce que peut apporter la méthode Triz à la méthode Phosphorials
Ce qui est intéressant dans la méthode TRIS et qui rejoint totalement la méthode Phosphoriales c'est l'ampleur de son questionnement sur le problème à résoudre ou le produit et le service à inventer. Nous avons l'habitude de dire qu'il faut torturer une idée pour en sortir le meilleur. L'acharnement que met la méthode à tordre le projet dans tous les sens rejoint bien ce principe.
La méthode TRIZ propose d' utiliser de nombreuses matrices qui facilitent l'interaction d'un objet avec un autre objet. Le lien avec la matrice de découverte est ici évident.
Tous ces outils s'inscrivent dans une étude poussée des innovations qui ont précédées. Leur pertinente est donc indéniable mais il y a cependant un certain de nombre de points critiques:
La méthode TRIZ propose d' utiliser de nombreuses matrices qui facilitent l'interaction d'un objet avec un autre objet. Le lien avec la matrice de découverte est ici évident.
Tous ces outils s'inscrivent dans une étude poussée des innovations qui ont précédées. Leur pertinente est donc indéniable mais il y a cependant un certain de nombre de points critiques:
- C'est visiblement plus facile d'utiliser la méthode si on a une formation d'ingénieur , presque ennuyeux si on ne l'est pas. Les praticiens qui utilisent cette méthode s'appuient souvent pour la présenter sur Excel qui est relativement créaticide et en totale contradiction avec l'ambition heuristique de la méthode. (Nous l'avons vécu dans le cadre d'un séminaire de formation)
- La créativité qui est mobilisée semble relever davantage du cerveau gauche que du cerveau droit. Il n'y a aucune référence à la dynamique métaphorique qui est largement privilégier dans la méthode Phosphoriales.
- Le coté systématique de l'exploration donne l'impression à certain moment d'être prisonnier d'un mode d'emploi dont l'exhaustvité reposerait sur la crainte obsessionnel d'oublier quelque chose. Ce qui génère une sorte de crispation.
- Sur un plan cognitif par ailleurs la démarche reste finalement plus logique qu'heuristique surtout si on vous la présente avec Excel...
- Ce qui est plus problématique c'est l'encastrement de la démarche dans le modèle de la compétitivité prix qui fait resurgir des éléments aujourd'hui dépassés et qui sont là totalement en opposition avec la méthode Phosphoriales.
- La dimension écologique et développement durable semblent totalement absent du référentiel qui a eu sa valeur certainement dans le passé mais qui semble aujourd'hui un peu essouflé.